« Qu’en penses-tu ? As-tu réussi ton œuvre ?
- J’attends que vous me le disiez répond le garçon, pas très sûr de lui.
- Tu n’y es pas encore arrivé ! »
Tristement, le garçon retourne dans sa chambre et commence un autre tableau. Lorsqu’il le termine, il revient voir le vieux.
« Qu’en penses-tu ? As-tu réussi ton œuvre ?
- J’attends que vous me le disiez.
- Tu n’y es pas encore arrivé ! »
La même scène se répète ainsi pendant plusieurs années. Un jour enfin, l’élève a le sentiment d’avoir réalisé une peinture qui a de la valeur. Satisfait, il la porte à son maître. Celui-ci l’examine attentivement, puis, comme toujours, lui demande :
« Qu’en penses-tu ? As-tu réussi ton œuvre ?
- Cette fois je crois que je l’ai réussie, mais j’attends que vous me le disiez.
- Je dois y réfléchir, étudier ton tableau. Reviens demain. »
Le jeune peintre va au café où se réunissent les autres élèves et commente avec chacun les qualités de son œuvre. L’un d’eux lui dit :
« Je ne vois pas pourquoi tu es content de toi, je viens de parler avec le vieux et il n’a pas cessé de critiquer ton tableau. D’après lui, il n’a aucune valeur. »
Le peintre, courroucé, court à la maison du maître et lui dit :
« Comment pouvez-vous parler ainsi de mon tableau ? C’est injuste : je suis sûr que vous savez qu’il est réussi, c’est une œuvre d’art ! Je n’admets pas que vous disiez du mal d’un tableau que j’aime ! »
Le vieux sourit et lui répond :
« Enfin, tu y es arrivé ! »
Conte chinois extrait de “La sagesse des contes” 1997 Alexandro Jodorowsky.
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