Au début de l'année 2011, LeMonde publiait l'étude d'un groupe de travail indépendant, les recommandations s'opposaient aux méthodes des responsables du projet de Maison de l'Histoire de France. Ces travaux appuient la déclaration ci-dessous :
Les principes
1. Ambition : La programmation d'un musée d'histoire doit avoir pour ambition de contribuer à l'ouverture des sociétés sur leur passé et sur le monde, en développant un projet soucieux des dimensions nationales, locales, internationales de l'histoire commune de ses habitants. Elle organise une approche des multiples facettes du passé d'un pays, une connaissance des mémoires, des oublis et des amnésies, un éclairage sur les formes de la culture historique, une compréhension de l'historiographie et de la recherche scientifique.
2. Débat : La programmation d'un musée d'histoire doit s'appuyer sur un débat intellectuel et scientifique, dans le respect des critiques et des controverses qui contribuent à la maturation d'un projet responsable, soucieux des réalisations passées, attentif aux expériences présentes, ambitieux pour l'avenir.
3. Public : La programmation d'un musée d'histoire doit analyser les attentes des publics et de la société, objectivées par des médiateurs tels que les associations d'histoire locale, ou par des chercheurs tels que les anthropologues et les sociologues.
4. Temporalité : La programmation d'un musée d'histoire, comme de toute institution culturelle et scientifique, doit être dégagée d'intentions idéologiques des responsables de l'Etat et séparée des calendriers électoraux. Elle doit obéir à la temporalité des échanges savants et de l'intérêt général.
Les outils
5. Conseil scientifique : La programmation d'un musée d'histoire doit reposer sur un conseil scientifique, nécessairement représentatif de la diversité des courants de recherche et des manières d'écrire l'histoire. Cette instance accompagnera le musée tout au long de son existence, dans des configurations variables selon les nécessités scientifiques.
6. Expertise : La programmation d'un musée d'histoire doit être fondée sur un travail d'expertise érudite, méthodique et critique. Il est impératif de séparer cette dimension d'expertise de la responsabilité de la mise en œuvre du projet afin d'en garantir l'impartialité.
7. Forme administrative : La programmation d'un musée d'histoire exige, comme préalable absolu et dans le respect des normes usuelles en la matière, l'élaboration d'un projet scientifique et culturel. Celui-ci débouchera ensuite sur la mise en place d'un établissement public de préfiguration qui devra impérativement être dirigé par une personnalité scientifique reconnue sur le plan international.
8. Comparaison critique : La programmation d'un musée d'histoire doit reposer sur un travail de connaissance et de comparaison critique de réalisations muséales menées tant en France et dans ses régions, qu'en Europe et dans le monde.
Les finalités
9. Construction de l'histoire : La programmation d'un musée d'histoire a pour but de présenter aux publics dans toute leur diversité les modalités de construction de l'histoire et ses enjeux à chaque époque. Elle doit explorer la diversité des objets, des textes et supports mobilisables par l'historien et utilisables à des fins muséographiques.
10. Questions d'histoire : La programmation d'un musée d'histoire doit être un lieu de transmission au public des questions d'histoire arrivées à maturation, c'est-à-dire revisitées par la recherche historique et susceptibles d'être explorées par la société.
11. Forme de l'institution : La programmation d'un musée d'histoire doit évoluer en permanence, dans la mesure où l'histoire, et particulièrement l'histoire d'un pays, n'est pas un objet fini. A cet égard, un tel musée doit se transformer en un observatoire de la recherche et une vitrine renouvelée de ses acquis, renforçant d'autant sa vocation scientifique à destination du public.
12. Choix d'implantation : La programmation d'un musée d'histoire doit analyser le lieu choisi pour son implantation, connaître son histoire, et intégrer l'héritage qu'il représente au projet culturel et scientifique. Elle peut aussi prendre acte de la mise en œuvre du Grand Paris, ou faire le choix d'un site en province, participant ainsi au rééquilibrage des équipements culturels et scientifique d'ampleur nationale sur le territoire français.
Le rapport de la Cour des comptes, rendu public le 30 mars, saluait la performance (en dix ans, les musées nationaux ont vu leur fréquentation progresser et leur rayonnement international s'accroître), mais son verdict est implacable : "Cette décennie de développement s'est révélée décevante pour la politique muséale nationale".
Entre Paris et la province, les écarts se sont creusés, car les investissements se sont concentrés sur l'Ile-de-France. Le public ne s'est ni diversifié ni rajeuni. L'efficacité de la gratuité accordée aux 19-25 ans n'est pas démontrée et la démocratisation reste un voeu pieux, tant les tarifs d'entrée ont augmenté (+ 35 % au Louvre, + 113 % à Versailles !). En conséquence, "les grands bénéficiaires sont plus que jamais les Parisiens âgés et aisés". Quant à l'autonomie des musées, elle est loin d'être satisfaisante. S'ils ont développé leurs ressources propres (mécénat...), ils dépendent toujours des subventions d'Etat.
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