World Peace Game, photo by Will May |
Et si c’était les générations futures qui arrivaient à sauver le Monde ?
Si la sagesse collective des enfants permettrait un meilleur monde que ce que nous vivons aujourd’hui ?
Si les enfants parvenaient à trouver des solutions de crise et autre problèmes du monde ?
C’est ce que tente de faire World Peace Game, un jeu qui traite des conflits politiques et économiques à l’échelle mondiale où les joueurs incarnent des diplomates chargés d’éviter tous conflits en devant prendre des décisions communes.
Tout a commencé en 1978 où John Hunter, enseignant aux USA, voulait enseigner diverses compétences de pensée critique et apprendre aux enfants à utiliser leur imagination pour résoudre des problèmes complexes de manière non littéraire. C’est pourquoi il a créé World Peace Game.
John Hunter met tous les problèmes du monde sur un plateau en contreplaqué de 10 par 13 - et laisse ses élèves de CM1 les résoudre. A TED2011, il explique comment son jeu "Paix dans le Monde" séduit des écoliers, et pourquoi les leçons complexes qu'il enseigne - spontanées, et toujours surprenantes - vont plus loin que les exposés en classe.
Transcription
J'ai beaucoup de chance d'être ici. J'ai l'impression d'avoir tellement de chance, j'ai été tellement impressionné par la gentillesse qu'on m'a témoignée. J'ai appelé ma femme Leslie, et lui ai dit: "Tu sais, il y a tellement de bonnes personnes qui essayent de faire tant de bien. C'est comme si j'avais atterri dans une colonie d'anges." C'est un sentiment vrai. Mais permettez-moi de passer à ma conférence - je vois l'heure tourner.Je suis professeur dans une école publique, et je tiens à partager l'histoire de ma directrice, Pam Moran, dans le comté d'Albemarle, en Virginie, sur les contreforts des Blue Ridge Mountains. C'est une directrice très high-tech. Elle utilise des TBI, elle blogue, elle tweete, elle est sur Facebook, elle fait tout ces trucs high-tech. Elle est en pointe sur la technologie et sur la pédagogie. Mais dans son bureau, il y a une vieille table de cuisine en bois, usée par les intempéries - la peinture verte s'écaille, elle est un peu bancale. Je lui ai dit: "Pam, vous êtes si moderne, si à la pointe. Pourquoi cette vieille table dans votre bureau?"
Elle m'a répondu : "Vous savez, j'ai grandi dans le sud-ouest de la Virginie, dans les mines de charbon et les terres agricoles de la Virginie rurale, cette table était dans la cuisine de mon grand-père. Quand nous rentrions après avoir joué, il rentrait après avoir labouré et travaillé, et nous nous asseyions autour de la table tous les soirs. En grandissant, j'ai entendu tant de connaissances, tant d'idées et tant de sagesse autour de cette table, que je l'ai appelée la Table de la Sagesse. Quand il est décédé, j'ai pris cette table avec moi et l'ai transportée dans mon bureau, et elle me rappelle mon grand-père. Cela me rappelle ce qui se passe parfois autour d'un espace vide." Le projet dont je vais vous parler s'appelle "la Paix dans le Monde", et en fait, c'est aussi un espace vide. Je me plais à y penser comme à une table de sagesse du 21e siècle, vraiment.
Tout a commencé en 1977. J'étais un jeune homme, et je séchais les cours de fac. Mes parents ont été très patients, je faisais des séjours intermittents en Inde dans une quête mystique. Je me souviens de la dernière fois où je suis revenu d'Inde -- dans ma longue robe blanche flottante, ma grande barbe et mes lunettes à la John Lennon, j'ai dit à mon père : "Papa, je crois que je viens juste de trouver l'illumination spirituelle." Il m'a répondu : "Eh bien, il y a encore une chose que tu dois trouver." "Quoi donc, papa?" "Un emploi." (Rires) Ils m'ont donc engagé à obtenir un diplôme en quelque matière. Donc, j'ai obtenu un diplôme il s'est trouvé que c'était en éducation. C'était un cursus d'éducation expérimentale. Ça aurait pu être dentaire, mais il y avait le mot "expérimental", c'était là où je devais aller.
J'ai été passer un entretien d'embauche dans les écoles publiques de Richmond, la capitale de la Virginie, acheté un costume trois-pièces - ma concession aux conventions, gardé ma longue barbe, ma coupe afro mes chaussures à semelles compensées - c'était les années 70 - je suis entré, me suis assis et ai passé un entretien. Je pense qu'ils manquaient vraiment d'enseignants, parce que la directrice, elle s'appelait Anna Aro, m'a dit que j'étais engagé pour enseigner aux enfants surdoués. J'ai été si choqué, si étonné, que je me suis levé en disant : "Eh bien, merci, mais je fais quoi?" (Rires) L'éducation des surdoués n'avait pas vraiment beaucoup pris. Il n'y avait pas vraiment grand-chose à utiliser. Je lui ai dit : "Que dois-je faire?" Sa réponse m'a choqué. Elle m'a stupéfié. Sa réponse a défini le modèle pour l'ensemble de ma carrière à venir. Elle m'a dit: "Que voulez-vous faire?" Cette question a libéré l'espace. Il n'y avait aucune directive de programme, aucun manuel à suivre, aucune norme dans l'éducation des surdoués d'une certaine manière. Elle a libéré un tel espace que je me suis efforcé depuis à libérer un espace pour mes élèves, un espace vide, qui leur permette de créer et donner un sens à leur propre compréhension.
C'était donc en 1978, j'enseignais toujours, des années plus tard, et un de mes amis m'a fait découvrir un jeune cinéaste. Il s'appelle Chris Farina. Chris Farina est venu ici aujourd'hui sur ses propres deniers. Chris, pourriez-vous lever pour qu'on vous voit - un jeune cinéaste visionnaire qui a fait un film. (Applaudissements) Ce film s'appelle "La Paix Mondiale et autres réalisations de CM1." Il m'a proposé le film - c'est un grand titre. Il m'a proposé le film, je lui ai dit: "Oui, peut-être que ça passera à la télévision locale, et nous pouvons dire "Bonjour" à nos amis." Mais le film a vraiment voyagé. Aujourd'hui, Chris est toujours endetté, mais a réussi, par son propre sacrifice, à sortir ce film. Nous avons donc fait un film qui s'avère être plus qu'une histoire sur moi, plus que l'histoire d'un enseignant. C'est une histoire qui témoigne de l'enseignement et des enseignants. C'est une belle chose.
Ce qui est étrange, quand je regarde le film - j'ai l'étrange sensation de le voir - je me voyais littéralement disparaître. Ce que j'ai vu, c'était mes professeurs qui ressortaient à travers moi. J'ai vu le professeur de géométrie que j'avais au lycée, le petit sourire de M. Rucell sous sa moustache en guidon de vélo. C'est le sourire que j'utilise - c'est son sourire. J'ai vu les yeux brillants de Jan Polo. Et ils ne brillaient pas de colère, ils brillaient d'amour, l'amour intense pour ses élèves. J'ai ce genre de flash parfois. Et j'ai vu Mademoiselle Ethel J. Banks qui portait des perles et des talons hauts à l'école primaire tous les jours. Vous savez, elle avait ce regard de prof de la vieille école. Vous voyez celui dont je parle. (Rires) "Je ne parle même pas de toi dans mon dos, parce que j'ai les yeux à l'arrière de ma tête." (Rires) Vous connaissez ce prof? Je n'ai pas utilisé ce regard très souvent, mais je l'ai dans mon répertoire. Mademoiselle Banks était là comme un mentor pour moi.
J'ai aussi vu mes parents, mes premiers maîtres. Mon père, très inventif, penseur spatial. C'est mon frère Malcolm sur la droite. Ma mère, qui m'a donné les cours jusqu'au CM1 dans les écoles de la ségrégation en Virginie, elle a été mon inspiration. Vraiment, j'ai l'impression quand je vois le film - j'ai un geste qu'elle fait, comme cela - j'ai l'impression d'être une continuation de son geste. Je suis l'un de ses gestes d'enseignement. Ce qu'il y a eu de beau, j'ai enseigné à ma fille Madeline à l'école primaire. Le geste de ma mère continue donc à travers plusieurs générations. C'est un sentiment incroyable d'avoir cette lignée. Je suis donc assis sur les épaules de beaucoup de gens. Je ne suis pas tout seul. Il y a beaucoup de gens sur scène en ce moment.
Passons au Jeu de la Paix Mondiale dont je voudrais vous parler. Il a commencé comme ceci: un simple plateau en contreplaqué de 1,3m sur 1,5m dans une école de centre ville en 1978. J'écrivais un cours sur l'Afrique pour mes élèves. Nous y avons mis tous les problèmes du monde, et je pensais, laissons-les les résoudre. Je ne voulais pas faire la leçon ou juste lire des livres. Je voulais qu'ils s'immergent et ressentent physiquement la sensation de l'apprentissage. Je me suis dit: ils aiment jouer à des jeux, je vais faire quelque chose - je n'ai pas dit interactif, ce terme n'existait pas en 1978 - mais quelque chose d'interactif. Nous avons créé le jeu, il a évolué depuis en une structure en plexiglas de 1,3m sur 1,3m sur 1,3m. Il y a quatre couches de plexiglas.
Il y a la couche de l'Espace avec les trous noirs, les satellites, les satellites de recherche et l'exploitation minière d'astéroïdes. Il y a la couche de l'Atmosphère avec les nuages, de grosses boules de coton que nous poussons, l'espace aérien et les forces aériennes, la couche du sol et de la mer avec des milliers de pièces de jeu dessus - même une couche sous-marine avec des sous-marins et des mines sous-marines. Il y a quatre pays sur le plateau. Les enfants inventent les noms des pays - certains sont riches, d'autres pauvres. Ils ont des atouts différents, commerciaux et militaires. Chaque pays a un gouvernement. Il y a un Premier Ministre, un Secrétaire d’État, un Ministre de la Défense un Directeur Financier ou un commissaire aux comptes. Je choisis le Premier Ministre en fonction de ma relation avec lui. Je lui offre le poste, il peut le refuser, puis il choisit lui-même son cabinet. Il y a une Banque mondiale, des marchands d'armes et une ONU. Il y a aussi une déesse météo qui gère aléatoirement une bourse et les conditions météorologiques.
(Rires)
Ce n'est pas tout. Il y a un document de crise de 13 pages avec 50 problèmes imbriqués. Ainsi, si l'on change une chose, ça change tout le reste. Je les lance dans cette matrice complexe, et ils me font confiance parce que nous avons une relation profonde et riche. Avec toutes ces crises, nous avons - voyons ça : tensions ethniques, tensions avec les minorités, fuites de produits chimiques et nucléaires, prolifération nucléaire, marées noires, catastrophes écologiques, différends autour des droits sur l'eau, républiques séparatistes, famine, espèces en voie de disparition et réchauffement climatique. Si Al Gore est ici, je vais vous envoyer mes élèves de CM1 de l'école "Agnor-Hurt and Venable", car ils ont résolu le réchauffement climatique en une semaine. (Rires) (Applaudissements) En plus, ils l'ont fait plusieurs fois.
(Rires)
Il y a aussi dans le jeu un saboteur - un enfant - en gros d'un fauteur de troubles - j'utilise mon fauteur de trouble parce que, en surface, ils tentent de sauver le monde et leur position dans le jeu. Mais ils essaient aussi de tout saper dans le jeu. Ils le font secrètement par la désinformation, des propos ambigus ou inutiles, en poussant tout le monde à réfléchir plus profondément. Le saboteur est là, nous avons aussi lu "L'Art de la Guerre" de Sun Tzu Les élèves de CM1 le comprennent - neuf ans - ils le manipulent et l'utilisent pour comprendre comment ne pas suivre - au début, si - les chemins d'accès au pouvoir et à la destruction, le sentier de la guerre. Ils apprennent à ignorer les réactions à courte vue et la pensée impulsive, à réfléchir à long terme, de façon plus conséquente.
Stewart Brand est ici, et l'une des idées de ce jeu vient de lui d'un article de "Coevolution Quarterly" sur une force de paix. Dans le jeu, les élèves forment parfois une force de paix. Je ne fais que surveiller le temps. Je ne suis qu'un clarificateur. Je ne suis qu'un facilitateur. Les étudiants contrôlent le jeu. Je n'ai pas l'occasion d'intervenir d'une façon quelconque une fois qu'ils ont commencé. Je vais donc partager avec vous...
(Vidéo) Garçon: Le Jeu de la Paix dans le Monde est sérieux. On vous apprend vraiment des choses comme comment prendre soin du monde. Vous voyez, M. Hunter fait ça parce qu'il dit que son époque a beaucoup foiré, et il essaie de nous dire comment faire pour résoudre ce problème.John Hunter: Je leur ai offert une - (Applaudissements) En fait, je ne peux rien leur dire, parce que je ne connais pas la réponse. Je leur avoue la vérité : je ne sais pas. Et parce que je ne sais pas, ils doivent creuser pour trouver la réponse. Je m'excuse donc également auprès d'eux. Je leur dis: "Je suis tellement désolé, les enfants, mais la vérité est que nous vous avons laissé ce monde dans un état si triste et terrible, et que nous espérons que vous pourrez résoudre le problème pour nous, et peut-être que ce jeu vous aidera à apprendre comment le faire." Ce sont des excuses sincères, et ils les prennent très au sérieux.
Maintenant, vous vous demandez peut-être à quoi ressemble cette complexité. Quand on lance le jeu, voici ce que l'on voit.
(Vidéo) JH: Très bien, commençons les négociations dès maintenant. Allez. (Brouhaha)JH: Première question : qui est en charge de cette classe? C'est une question sérieuse : qui est vraiment responsable? J'ai appris à céder le contrôle de la salle de classe aux élèves au fil du temps. Il y a une confiance, une compréhension et un attachement à un idéal que je n'ai tout simplement pas à faire ce que je pensais devoir faire en tant qu'enseignant débutant: contrôler toutes les conversations et les réactions dans la salle de classe. C'est impossible. Leur sagesse collective est beaucoup plus grande que la mienne, et je leur avoue ouvertement. Je vais partager avec vous quelques histoires très rapidement à propos de certaines choses magiques qui se sont produites.
Dans ce jeu, il y avait une petite fille, elle était Ministre de la Défense de la nation la plus pauvre. Le Ministre de la Défense - elle avait les tanks, l'armée de l'air, etc. Elle était à côté d'un voisin très riche, disposant de pétrole. Sans provocation, soudain, elle a attaqué, contre les ordres de son Premier Ministre, les champs de pétrole du voisin d'à côté. Elle a envahi les champs de pétrole, les a encerclés, sans tirer un coup de feu, et les a sécurisés et les a conservés. Ce voisin a été incapable de mener une seule opération militaire parce que leur provision de carburant était verrouillée.
Nous étions tous en colère contre elle : "Pourquoi fais-tu ça? C'est le Jeu de la Paix Mondiale. Qu'est-ce qui te prend?" (Rires) Il s'agissait d'une petite fille et, à neuf ans, elle ne s'est pas démontée et a répondu : "Je sais ce que je fais." Elle a dit ça à ses copines. C'est une violation. Nous avons donc appris qu'il ne faut jamais mettre en colère une fillette de neuf ans avec des blindés. (Rires) Ce sont les adversaires les plus coriaces. Nous étions très en colère. J'avais l'impression d'échouer comme professeur. Pourquoi est-ce qu'elle fait cela?
Mais j'ai fini par découvrir, quelques jours de jeu plus tard - il y a des tours où l'on devient négociateur - en fait, il y a une période de négociation pour toutes les équipes, chaque équipe joue son tour, puis nous retournons aux négociations, encore et encore, de sorte que chaque tour est d'environ un jour de jeu. Ainsi, quelques jours de jeu plus tard, nous avons découvert que ce grand pays préparait une offensive militaire pour dominer le monde entier. S'ils avaient eu leur approvisionnement en carburant, ils l'auraient fait. Elle a été en mesure de voir les vecteurs, les lignes de tendance et les intentions bien avant tout le monde et de comprendre ce qui allait se passer, elle a pris la décision philosophique d'attaquer dans un jeu de la paix.
Elle a utilisé une petite guerre pour éviter une guerre plus vaste, nous nous sommes donc arrêtés et avons eu une très bonne discussion philosophique pour savoir si elle avait bien fait, bien fait avec réserve, ou mal fait. C'est le genre de réflexion que leur inculquons, ces situations. Je n'aurais pas pu le concevoir en l'enseignant. C'est venu spontanément par leur sagesse collective.
(Applaudissements)
Un autre exemple, une belle chose qui est arrivée. Nous avons une lettre dans le jeu. Si vous êtes un commandant militaire et engagez des troupes -- les petits jouets en plastique sur le plateau - et que vous les perdez, je sors du papier à lettre. Vous devez écrire une lettre aux parents - les parents fictifs de vos troupes fictives -- expliquer ce qui s'est passé et offrir vos condoléances. Vous avez donc un peu plus de réflexion avant de vous engager à combattre. Cette situation s'est donc présentée à nous -- l'été dernier en fait, à l'école Agnor-Hurt dans le comté d'Albemarle - un de nos commandants militaires s'est levé pour lire cette lettre et l'un des autres enfants a dit: "M. Hunter, demandons -- il y a un parent là-bas." Il y avait un parent en visite ce jour-là, assis à l'arrière de la salle. "Demandons à cette maman de lire la lettre. Ce sera plus plus réel, si elle la lit." C'est que nous avons fait, nous lui avons demandé, elle a joué le jeu et pris la lettre. "Bien sûr." Elle a commencé la lecture. Elle a lu une phrase. Elle a lu deux phrases. À la troisième phrase, elle était en larmes. J'étais en larmes. Tout le monde a compris que lorsque nous perdons quelqu'un, les gagnants ne se réjouissent pas. Nous y perdons tous. C'était un événement extraordinaire et une compréhension étonnante.
Je vais vous montrer ce que mon ami David dit à ce sujet. Il a participé à nombreuses batailles.
(Vidéo) David: Nous en avons vraiment assez des gens qui attaquent. Je veux dire, nous avons eu de la chance en général. Mais maintenant je me sens vraiment bizarre, parce que je vis ce que Sun Tzu a dit une semaine. Une semaine il a dit, "Ceux qui vont au combat et gagnent voudront y retourner, et ceux qui perdent dans la bataille voudront y retourner et gagner." J'ai donc gagné des batailles, alors je vais dans des batailles, plus de batailles. Je pense que c'est un peu étrange de vivre ce que Sun Tzu a dit.
JH: j'ai des frissons à chaque fois que je vois cela. C'est le genre d'engagement que vous souhaitez voir se produire. Je ne peux pas le concevoir, je ne peux pas le planifier, et je ne peux même pas le tester. Mais cela tombe sous le sens. Nous savons que c'est une évaluation réelle de l'apprentissage. Nous avons beaucoup de données, mais je pense que parfois nous allons au-delà avec la vérité de ce qui se passe.
Je vais vous raconter une troisième histoire, elle concerne mon ami Brennan. Nous avions joué une session après l'école pendant de nombreuses semaines, environ sept, et nous avions en gros résolu toutes les 50 crises imbriquées. Pour gagner à ce jeu, les 50 problèmes doivent être résolus et la valeur liquidative de chaque pays doit avoir augmenté au-dessus de son point de départ. Certains sont pauvres, certains sont riches. Il y a des milliards. Le président de la Banque mondiale fut une fois un enfant de CE2. Il demanda: "Combien de zéros dans mille milliards? Je dois calculer ça tout de suite." Mais il établissait la politique budgétaire dans ce jeu pour les joueurs du collège qui jouaient avec lui.
L'équipe qui était la plus pauvre était devenue encore plus pauvre. Ils ne pouvaient absolument pas gagner. Il était près de quatre heures, l'heure où l'on s'arrête de jouer - il restait environ une minute - le désespoir venait de s'installer dans la salle. Je me suis dit : "Je ne suis pas un bon enseignant. J'aurais dû faire en sorte qu'ils puissent gagner. Ils ne devraient pas échouer comme ça. J'ai échoué." Je me sentais si triste et abattu. Soudain, Brennan se dirigea vers ma chaise, saisit la cloche, la cloche que je fais tinter pour signaler un changement ou un remaniement des cabinets, revint à son siège et fit tinter la cloche. Tout le monde a couru à sa chaise, ça criait, ça hurlait, en agitant des dossiers. Ils ont des dossiers pleins de documents secrets. Ils gesticulaient, ils couraient partout. Je ne savais pas ce qu'ils faisaient. J'avais perdu le contrôle de ma classe. Si le directeur entre, je suis viré. Les parents regardaient par la fenêtre.
Et Brennan retourne à sa place. Tout le monde court à sa place. Il sonne la cloche à nouveau. Il dit : "Nous avons" - il restait 12 secondes à l'horloge - "Nous allons mettre en commun tous nos fonds. Nous avons 600 milliards de dollars. Nous allons le donner à ce pays pauvre. S'ils l'acceptent, ça augmentera leur valeur et nous pouvons gagner le jeu. L'acceptez-vous?" Il restait trois secondes à l'horloge. Tout le monde regarde le premier ministre de ce pays, qui dit: "Oui." Et la partie est gagnée. Une compassion spontanée qui ne pouvait être prévue, qui était inattendue et imprévisible.
Chaque jeu est différent. Certains jeux portent plus sur les questions sociales, d'autres plus sur les questions économiques. D'autres portent plus sur la guerre. Mais je ne cherche pas à leur refuser cette réalité de l'être humain. Je leur permets d'y aller et, à travers leur propre expérience, apprendre sans effusion de sang comment ne pas faire ce qu'ils considèrent être la mauvaise chose. Ils découvrent ce qui est juste à leur façon, par eux-mêmes. Dans ce jeu, j'ai tellement appris, mais je dirais que si seulement ils pouvaient retenir un outil de pensée critique ou de réflexion créative grâce à ce jeu et en tirer quelque chose de bon pour le monde, ils pourraient nous sauver tous. Si seulement.
Et au nom de tous mes professeurs sur les épaules desquels je suis assis, merci. Merci. Merci.
(Applaudissements)
TedTalk Video (transcription in multiple languages )
John Hunter on the world peace game
Worldpeacegame.org (EN)
World Peace and other 4th-Grade Achievements (Youtube : Trailer EN)
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